Поделиться:
  Угадай писателя | Писатели | Карта писателей | Острова | Контакты

Шарль Бодлер - Цветы зла [1857]
Язык оригинала: FRA
Известность произведения: Средняя
Метки: poetry, Лирика, Модернизм, Поэзия, Сборник, Эротика

Аннотация. Стихотворный сборник «Цветы зла» (1857) - наиболее значительное произведение Ш. Бодлера, од­ного из крупнейших поэтов Франции XIX в. Герой цикла разрывается между идеалом духовной красоты и красотой порока, его терзают ощущение раздвоенности и жажда смерти. В настоящем издании перевод Эллиса впервые дается с параллельным французским текстом. Его дополняет статья Теофиля Готье.

Полный текст.
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 

Mais les ténèbres sont elles-mêmes des toiles Où vivent, jaillissant de mon œil par milliers, Des êtres disparus aux regards familiers.   русский   LXXX LE GOÛT DU NÉANT     Morne esprit, autrefois amoureux de la lutte, L'espoir, dont l'éperon attisait ton ardeur, Ne veut plus t'enfourcher! Couche-toi sans pudeur, Vieux cheval dont le pied à chaque obstacle bute.   Résigne-toi, mon cœur; dors ton sommeil de brute.   Esprit vaincu, fourbu! Pour toi, vieux maraudeur, L'amour n'a plus de goût, non plus que la dispute; Adieu donc, chants du cuivre et soupirs de la flûte! Plaisirs, ne tentez plus un cœur sombre et boudeur!   Le Printemps adorable a perdu son odeur!   Et le Temps m'engloutit minute par minute, Comme la neige immense un corps pris de roideur; Je contemple d'en haut le globe en sa rondeur Et je n'y cherche plus l'abri d'une cahute.   Avalanche, veux-tu m'emporter dans ta chute?   русский   LXXXI ALCHIMIE DE LA DOULEUR     L'un t'éclaire avec son ardeur, L'autre en toi met son deuil, Nature! Ce qui dit à l'un: Sépulture! Dit à l'autre: Vie et splendeur!   Hermès inconnu qui m'assistes Et qui toujours m'intimidas, Tu me rends l'égal de Midas, Le plus triste des alchimistes;   Par toi je change l'or en fer Et le paradis en enfer; Dans le suaire des nuages   Je découvre un cadavre cher, Et sur les célestes rivages Je bâtis de grands sarcophages.   русский   LXXXII HORREUR SYMPATHIQUE     De ce ciel bizarre et livide, Tourmenté comme ton destin, Quels pensers dans ton âme vide Descendent? Réponds, libertin.   – Insatiablement avide De l'obscur et de l'incertain, Je ne geindrai pas comme Ovide Chassé du paradis latin.   Cieux déchirés comme des grèves, En vous se mire mon orgueil; Vos vastes nuages en deuil   Sont les corbillards de mes rêves, Et vos lueurs sont le reflet De l'Enfer où mon cœur se plaît.   русский   LXXXIII L'HÉAUTONTIMOROUMÉNOS  À J.G.F.     Je te frapperai sans colère Et sans haine, comme un boucher, Comme Moïse le rocher! Et je ferai de ta paupière,   Pour abreuver mon Saharah, Jaillir les eaux de la souffrance. Mon désir gonflé d'espérance Sur tes pleurs salés nagera   Comme un vaisseau qui prend le large, Et dans mon cœur qu'ils soûleront Tes chers sanglots retentiront Comme un tambour qui bat la charge!   Ne suis-je pas un faux accord Dans la divine symphonie, Grâce à la vorace Ironie Qui me secoue et qui me mord?   Elle est dans ma voix, la criarde! C'est tout mon sang, ce poison noir! Je suis le sinistre miroir Où la mégère se regarde!   Je suis la plaie et le couteau! Je suis le soufflet et la joue! Je suis les membres et la roue, Et la victime et le bourreau!   Je suis de mon cœur le vampire, – Un de ces grands abandonnés Au rire éternel condamnés, Et qui ne peuvent plus sourire!   русский   LXXXIV L'IRRÉMÉDIABLE       I Une Idée, une Forme, un Être Parti de l'azur et tombé Dans un Styx bourbeux et plombé Où nul œil du Ciel ne pénètre;   Un Ange, imprudent voyageur Qu'a tenté l'amour du difforme, Au fond d'un cauchemar énorme Se débattant comme un nageur,   Et luttant, angoisses funèbres! Contre un gigantesque remous Qui va chantant comme les fous Et pirouettant dans les ténèbres;   Un malheureux ensorcelé Dans ses tâtonnements futiles, Pour fuir d'un lieu plein de reptiles, Cherchant la lumière et la clé;   Un damné descendant sans lampe, Au bord d'un gouffre dont l'odeur Trahit l'humide profondeur, D'éternels escaliers sans rampe,   Où veillent des monstres visqueux Dont les larges yeux de phosphore Font une nuit plus noire encore Et ne rendent visibles qu'eux;   Un navire pris dans le pôle, Comme en un piège de cristal, Cherchant par quel détroit fatal Il est tombé dans cette geôle;   – Emblèmes nets, tableau parfait D'une fortune irrémédiable, Qui donne à penser que le Diable Fait toujours bien tout ce qu'il fait!     II Tête-à-tête sombre et limpide Qu'un cœur devenu son miroir! Puits de Vérité, clair et noir, Où tremble une étoile livide,   Un phare ironique, infernal, Flambeau des grâces sataniques, Soulagement et gloire uniques, – La conscience dans le Mal!   русский   LXXXV L'HORLOGE     Horloge! Dieu sinistre, effrayant, impassible, Dont le doigt nous menace et nous dit:"Souviens-toi! Les vibrantes douleurs dans ton cœur plein d'effroi Se planteront bientôt comme dans une cible;   Le Plaisir vaporeux fuira vers l'horizon Ainsi qu'une sylphide au fond de la coulisse; Chaque instant te dévore un morceau du délice À chaque homme accordé pour toute sa saison.   Trois mille six cents fois par heure, la Seconde Chuchote: Souviens-toi! – Rapide, avec sa voix D'insecte, maintenant dit: je suis Autrefois, Et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde!   Remember! Souviens-toi! Prodigue! Esto memor! (Mon gosier de métal parle toutes les langues.) Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or!   Souviens-toi que le Temps est un joueur avide Qui gagne sans tricher, à tout coup! C'est la loi. Le jour décroît; la nuit augmente; souviens-toi! Le gouffre a toujours soif; la clepsydre se vide.   Tantôt sonnera l'heure où le divin Hasard, Où l'auguste Vertu, ton épouse encor vierge, Où le Repentir même (oh! La dernière auberge!), Où tout te dira: Meurs, vieux lâche! Il est trop tard!"   русский    TABLEAUX PARISIENS   LXXXVI PAYSAGE     Je veux, pour composer chastement mes églogues, Coucher auprès du ciel, comme les astrologues, Et, voisin des clochers, écouter en rêvant Leurs hymnes solennels emportés par le vent. Les deux mains au menton, du haut de ma mansarde, Je verrai l'atelier qui chante et qui bavarde; Les tuyaux, les clochers, ces mâts de la cité, Et les grands ciels qui font rêver d'éternité.   Il est doux, à travers les brumes, de voir naître L'étoile dans l'azur, la lampe à la fenêtre, Les fleuves de charbon monter au firmament Et la lune verser son pâle enchantement. Je verrai les printemps, les étés, les automnes; Et quand viendra l'hiver aux neiges monotones, Je fermerai partout portières et volets Pour bâtir dans la nuit mes féeriques palais. Alors je rêverai des horizons bleuâtres, Des jardins, des jets d'eau pleurant dans les albâtres, Des baisers, des oiseaux chantant soir et matin, Et tout ce que l'Idylle a de plus enfantin. L'Émeute, tempêtant vainement à ma vitre, Ne fera pas lever mon front de mon pupitre; Car je serai plongé dans cette volupté D'évoquer le Printemps avec ma volonté, De tirer un soleil de mon cœur, et de faire De mes pensers brûlants une tiède atmosphère.   русский   LXXXVII LE SOLEIL     Le long du vieux faubourg, où pendent aux masures Les persiennes, abri des secrètes luxures, Quand le soleil cruel frappe à traits redoublés Sur la ville et les champs, sur les toits et les blés, Je vais m'exercer seul à ma fantasque escrime, Flairant dans tous les coins les hasards de la rime, Trébuchant sur les mots comme sur les pavés, Heurtant parfois des vers depuis longtemps rêvés.   Ce père nourricier, ennemi des chloroses, Éveille dans les champs les vers comme les roses; Il fait s'évaporer les soucis vers le ciel, Et remplit les cerveaux et les ruches de miel. C'est lui qui rajeunit les porteurs de béquilles Et les rend gais et doux comme des jeunes filles, Et commande aux moissons de croître et de mûrir Dans le cœur immortel qui toujours veut fleurir!   Quand, ainsi qu'un poète, il descend dans les villes, Il ennoblit le sort des choses les plus viles, Et s'introduit en roi, sans bruit et sans valets, Dans tous les hôpitaux et dans tous les palais.   русский   LXXXVIII À UNE MENDIANTE ROUSSE     Blanche fille aux cheveux roux, Dont la robe par ses trous Laisse voir la pauvreté   Et la beauté,   Pour moi, poète chétif, Ton jeune corps maladif, Plein de taches de rousseur,   A sa douceur.   Tu portes plus galamment Qu'une reine de roman Ses cothurnes de velours   Tes sabots lourds.   Au lieu d'un haillon trop court, Qu'un superbe habit de cour Traîne à plis bruyants et longs   Sur tes talons;   En place de bas troués, Que pour les yeux des roués Sur ta jambe un poignard d'or   Reluise encor;   Que des nœuds mal attachés Dévoilent pour nos péchés Tes deux beaux seins, radieux   Comme des yeux;   Que pour te déshabiller Tes bras se fassent prier Et chassent à coups mutins   Les doigts lutins,   Perles de la plus belle eau, Sonnets de maître Belleau Par tes galants mis aux fers   Sans cesse offerts,   Valetaille de rimeurs Te dédiant leurs primeurs Et contemplant ton soulier   Sous l'escalier,   Maint page épris du hasard, Maint seigneur et maint Ronsard Épieraient pour le déduit   Ton frais réduit!   Tu compterais dans tes lits Plus de baisers que de lis Et rangerais sous tes lois   Plus d'un Valois!   – Cependant tu vas gueusant Quelque vieux débris gisant Au seuil de quelque Véfour   De carrefour;   Tu vas lorgnant en dessous Des bijoux de vingt-neuf sous Dont je ne puis, oh! Pardon!   Te faire don.   Va donc, sans autre ornement, Parfum, perles, diamant, Que ta maigre nudité,   Ô ma beauté!   русский   LXXXIX LE CYGNE  À Victor Hugo.       I Andromaque, je pense à vous! Ce petit fleuve, Pauvre et triste miroir où jadis resplendit L'immense majesté de vos douleurs de veuve, Ce Simoïs menteur qui par vos pleurs grandit,   A fécondé soudain ma mémoire fertile, Comme je traversais le nouveau Carrousel. Le vieux Paris n'est plus (la forme d'une ville Change plus vite, hélas! Que le cœur d'un mortel);   Je ne vois qu'en esprit tout ce camp de baraques, Ces tas de chapiteaux ébauchés et de fûts, Les herbes, les gros blocs verdis par l'eau des flaques, Et, brillant aux carreaux, le bric-à-brac confus.   Là s'étalait jadis une ménagerie; Là je vis, un matin, à l'heure où sous les cieux Froids et clairs le Travail s'éveille, où la voirie Pousse un sombre ouragan dans l'air silencieux,   Un cygne qui s'était évadé de sa cage, Et, de ses pieds palmés frottant le pavé sec, Sur le sol raboteux traînait son blanc plumage. Près d'un ruisseau sans eau la bête ouvrant le bec   Baignait nerveusement ses ailes dans la poudre, Et disait, le cœur plein de son beau lac natal: "Eau, quand donc pleuvras-tu? Quand tonneras-tu, foudre?" Je vois ce malheureux, mythe étrange et fatal,   Vers le ciel quelquefois, comme l'homme d'Ovide, Vers le ciel ironique et cruellement bleu, Sur son cou convulsif tendant sa tête avide, Comme s'il adressait des reproches à Dieu!     II Paris change! Mais rien dans ma mélancolie N'a bougé! Palais neufs, échafaudages, blocs, Vieux faubourgs, tout pour moi devient allégorie, Et mes chers souvenirs sont plus lourds que des rocs.   Aussi, devant ce Louvre une image m'opprime: Je pense à mon grand cygne, avec ses gestes fous, Comme les exilés, ridicule et sublime, Et rongé d'un désir sans trêve! Et puis à vous,   Andromaque, des bras d'un grand époux tombée, Vil bétail, sous la main du superbe Pyrrhus, Auprès d'un tombeau vide en extase courbée; Veuve d'Hector, hélas! Et femme d'Hélénus!   Je pense à la négresse, amaigrie et phtisique, Piétinant dans la boue, et cherchant, œil hagard, Les cocotiers absents de la superbe Afrique Derrière la muraille immense du brouillard;   À quiconque a perdu ce qui ne se retrouve Jamais, jamais! À ceux qui s'abreuvent de pleurs Et tètent la Douleur comme une bonne louve! Aux maigres orphelins séchant comme des fleurs!   Ainsi dans la forêt où mon esprit s'exile Un vieux Souvenir sonne à plein souffle du cor! Je pense aux matelots oubliés dans une île, Aux captifs, aux vaincus!… À bien d'autres encor!   русский   XC LES SEPT VIEILLARDS  À Victor Hugo.     Fourmillante cité, cité pleine de rêves, Où le spectre en plein jour raccroche le passant! Les mystères partout coulent comme des sèves Dans les canaux étroits du colosse puissant.   Un matin, cependant que dans la triste rue Les maisons, dont la brume allongeait la hauteur, Simulaient les deux quais d'une rivière accrue, Et que, décor semblable à l'âme de l'acteur,   Un brouillard sale et jaune inondait tout l'espace, Je suivais, roidissant mes nerfs comme un héros Et discutant avec mon âme déjà lasse, Le faubourg secoué par les lourds tombereaux.   Tout à coup, un vieillard dont les guenilles jaunes Imitaient la couleur de ce ciel pluvieux, Et dont l'aspect aurait fait pleuvoir les aumônes, Sans la méchanceté qui luisait dans ses yeux,   M'apparut. On eût dit sa prunelle trempée Dans le fiel; son regard aiguisait les frimas, Et sa barbe à longs poils, roide comme une épée Se projetait, pareille à celle de Judas.   Il n'était pas voûté, mais cassé, son échine Faisant avec sa jambe un parfait angle droit, Si bien que son bâton, parachevant sa mine, Lui donnait la tournure et le pas maladroit   D'un quadrupède infirme ou d'un Juif à trois pattes. Dans la neige et la boue il allait s'empêtrant, Comme s'il écrasait des morts sous ses savates, Hostile à l'univers plutôt qu'indifférent.   Son pareil le suivait: barbe, œil, dos, bâton, loques, Nul trait ne distinguait, du même enfer venu, Ce jumeau centenaire, et ces spectres baroques Marchaient du même pas vers un but inconnu.   À quel complot infâme étais-je donc en butte, Ou quel méchant hasard ainsi m'humiliait? Car je comptai sept fois, de minute en minute, Ce sinistre vieillard qui se multipliait!   Que celui-là qui rit de mon inquiétude, Et qui n'est pas saisi d'un frisson fraternel, Songe bien que malgré tant de décrépitude Ces sept monstres hideux avaient l'air éternel!   Aurais-je, sans mourir, contemplé le huitième, Sosie inexorable, ironique et fatal, Dégoûtant Phénix, fils et père de lui-même? – Mais je tournais le dos au cortège infernal.   Exaspéré comme un ivrogne qui voit double, Je rentrai, je fermai ma porte, épouvanté, Malade et morfondu, l'esprit fiévreux et trouble, Blessé par le mystère et par l'absurdité!   Vainement ma raison voulait prendre la barre; La tempête en jouant déroutait ses efforts, Et mon âme dansait, dansait, vieille gabarre Sans mâts, sur une mer monstrueuse et sans bords!   русский   XCI LES PETITES VIEILLES  À Victor Hugo       I Dans les plis sinueux des vieilles capitales, Où tout, même l'horreur, tourne aux enchantements,

The script ran 0.002 seconds.