Andre Marie de Chenier - L’Art D’AimerAndre Marie de Chenier - L’Art D’Aimer
Language:
freWork rating:
Low
FRAGMENT I
Ah! tremble que ton âme à la sienne livrée Ne s`en puisse arracher sans être déchirée.
Même au sein du bonheur, toujours dans ton esprit
Garde ce qu`autrefois les sages ont écrit:
`Une femme est toujours inconstante et futile,
Et qui pense fixer leur caprice mobile,
Il pense, avec sa main, retenir l`aquilon,
Ou graver sur les flots un durable sillon.`
FRAGMENT II
Que sert des tours d`airain tout l`appareil horrible?
Que servit à Juno cet Argus si terrible,
Ce front, de jalousie armé de toutes parts,
Où veillaient à la fois cent farouches regards?
Mais quoi que l`on oppose et d`adresse et de force,
Quand nul don, nul appât, nulle mielleuse amorce
Ne pourraient au dragon ravir l`or de ses bois,
Et du Triple Cerbère assoupir les abois;
On t`aime, garde-toi d`abandonner la place.
Il faut oser. L`amour favorise l`audace.
Si l`envie à te nuire aiguise tous ses soins,
Toi, pour te rendre heureux, tenterais-tu donc moins?
Il faut savoir contre eux tourner leurs propres armes;
Attacher leurs soupçons à de fausses alarmes;
Semer toi-même un bruit d`attaque, de danger;
Leur montrer sur ta route un flambeau mensonger.
Et tandis que par toi leur prudence égarée
Rit, s`applaudit de voir ton attente frustrée,
Aveugles, auprès d`eux ils laissent échapper
Tes pas, qu`ils défiaient de les pouvoir tromper.
Tel, car ainsi que toi c`est l`amour qui le guide,
Un fleuve, à pas secrets, des campagnes d`Élide,
Seul, au milieu des mers, se fraye un sentier sûr, Parmi les flots salés garde un flot doux et pur,
Invisible, d`Enna va chercher le rivage,
Et l`amer Téthys ignore son passage.
FRAGMENT III
Aux bords où l`on voit naître et l`Euphrate et le jour,
Plus d`obstacle et de crainte environne l`amour.
Aussi.................................................
......................................................
... Sans se pouvoir parler même des yeux,
On se parle, on se voit. Leur coeur ingénieux
Donne à tout une voix entendue et muette.
Tout de leurs doux pensers est le doux interprète.
Désirs, crainte, serments, caresse, injure, pleurs,
Leurs dons savent tout dire; ils s`écrivent des fleurs.
Par la tulipe ardente une flamme est jurée;
L`amarante immortelle atteste sa durée;
L`oeillet gronde une belle; un lis vient l`apaiser.
L`iris est un soupir; la rose est un baiser.
C`est ainsi chaque jour qu`une sultane heureuse
Lit en bouquet la lettre odorante, amoureuse.
Elle pare son sein de soupirs et de voeux;
Et des billets d`amour embaument ses cheveux.
Source
The script ran 0.001 seconds.