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Andre Marie de Chenier - NeereAndre Marie de Chenier - Neere
Language: fre
Work rating: Low


Mais telle qu`à sa mort, pour la dernière fois,   Un beau cygne soupire, et de sa douce voix,   De sa voix qui bientôt lui doit être ravie,   Chante, avant de partir, ses adieux à la vie,   Ainsi, les yeux remplis de langueur et de mort,                      Pâle, elle ouvrit sa bouche en un dernier effort:   `O vous, du Sébéthus naïades vagabondes,   Coupez sur mon tombeau vos chevelures blondes.   Adieu, mon Clinias! moi, celle qui te plus,   Moi, celle qui t`aimai, que tu ne verras plus.                      O cieux, ô terre, ô mer, prés, montagnes, rivages,   Fleurs, bois mélodieux, vallons, grottes sauvages,   Rappelez-lui souvent, rappelez-lui toujours   Néère tout son bien, Néère ses amours;   Cette Néère, hélas! qu`il nommait sa Néère,                          Qui, pour lui criminelle, abandonna sa mère;   Qui, pour lui fugitive, errant de lieux en lieux,   Aux regards des humains n`osa lever les yeux.   Oh! soit que l`astre pur des deux frères d`Hélène   Calme sous ton vaisseau la vague ionienne;                          Soit qu`aux bords de Pæstum, sous ta soigneuse main,   Les roses deux fois l`an couronnent ton jardin;   Au coucher du soleil, si ton âme attendrie   Tombe en une muette et molle rêverie,   Alors, mon Clinias, appelle, appelle-moi.                            Je viendrai, Clinias; je volerai vers toi.   Mon âme vagabonde, à travers le feuillage,   Frémira; sur les vents ou sur quelque nuage   Tu la verras descendre, ou du sein de la mer,   S`élevant comme un songe, étinceler dans l`air,                      Et ma voix, toujours tendre et doucement plaintive,   Caresser, en fuyant, ton oreille attentive.`
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