Victor Hugo - En écoutant chanter la princesse ***Victor Hugo - En écoutant chanter la princesse ***
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Dans ta haute demeure
Dont l`air est étouffant,
De l`accent dont on pleure
Tu chantes, douce enfant.
Tu chantes, jeune fille.
Ton père, c`est le roi.
Autour de toi tout brille,
Mais tout soupire en toi.
Pense, mais sans rien dire ;
Aimer t`est défendu ;
Doux être, ton sourire
En naissant s`est perdu.
Tu te sens épousée
Par une main qui sort
Inconnue et glacée
De cette ombre, le sort.
Ton coeur, triste et sans ailes,
Est dans ce gouffre noir
A des profondeurs telles
Que tu ne peux l`avoir.
Tu n`es qu`altesse encore,
Tu seras majesté,
Bien qu`un reflet d`aurore
Sur ton front soit resté,
Enfant chère aux armées,
Déjà nous te voyons
Dans toutes les fumées
Et dans tous les rayons.
Ton parrain est le pape ;
Vierge, il t`a dit : Ave !
Quand tu passes, on frappe
Des piques le pavé.
Comme Dieu l`on t`encense ;
Toi-même as le frisson
De la toute-puissance
Mêlée à ta chanson.
De vieux légionnaires
Te gardent, fiers, soumis ;
Et l`on voit des tonnerres
A ta porte endormis.
Autour de toi se creuse
L`éclatant sort des rois.
Tu serais plus heureuse
Fauvette dans les bois.
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