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Victor Hugo - D`après Albert DürerVictor Hugo - D`après Albert Dürer
Language: fre
Work rating: Low


Le frêle esquif sur la mer sombre Sombre; La foudre perce d`un éclair L`air. C`est minuit. L`eau gémit, le tremble Tremble, Et tout bruit dans le manoir Noir; Sur la tour inhospitalière Lierre, Dans les fossés du haut donjon, Jonc; Dans les cours, dans les colossales Salles, Et dans les cloîtres du couvent, Vent. La cloche, de son aile atteinte, Tinte, Et son bruit tremble en s`envolant Lent. Le son qui dans l`air se disperse Perce La tombe le mort inconnu, Nu, Épelant quelque obscur problème Blême, Tandis qu`au loin le vent mugit, Gît. Tous se répandent dans les ombres, Sombres, Rois, reines, clercs, soudards, nonnains, Nains. La voix qu`ils élèvent ensemble, Semble Le dernier soupir qu`un mourant Rend. Les ombres vont au clair de lune, L`une En mitre et l`autre en chaperon Rond. Celle-ci qui roule un rosaire Serre Dans ses bras un enfant tremblant, Blanc. Celle-là, voilée et touchante, Chante Au bord d`un gouffre le serpent Pend. D`autres, qui dans l`air se promènent, Mènent Par monts et vaux, des palefrois Froids. L`enfant mort à la pâle joue, Joue; Le gnome grimace, et l`esprit Rit. On dirait que le beffroi pleure; L`heure Semble dire en traînant son glas Las: - Enfant! retourne dans ta tombe! Tombe Sous le pavé des corridors, Dors! L`enfer souillerait ta faiblesse. Laisse Ses banquets à tes envieux, Vieux. C`est aller au sabbat trop jeune! Jeûne. Garde-toi de leurs jeux hideux, D`eux! Vois-tu dans la sainte phalange L`ange Qui vient t`ouvrir le paradis, Dis? - Ains la mort nous chasse et nous foule, Foule De héros petits et d`étroits Rois. Attilas, Césars, Cléopâtres, Pâtres, Vieillards narquois et jouvenceaux Sots, Bons évêques à charge d`âmes, Dames, Saints docteurs, lansquenets fougueux, Gueux, Nous serons un jour, barons, prêtres, Reîtres, Avec nos voeux et nos remords Morts. Pour moi, quand l`ange qui réclame L`âme Se viendra sur ma couche, un soir, Seoir; Alors, quand sous la pierre froide, Roide, Je ferai le somme de plomb, Long; Ô toi, qui dans mes fautes mêmes M`aimes, Viens vite, si tu te souviens, Viens T`étendre à ma droite, endormie, Mie; Car on a froid dans le linceul, Seul. Le frêle esquif sur la mer sombre Sombre; La foudre perce d`un éclair L`air. C`est minuit. L`eau gémit, le tremble Tremble, Et tout bruit dans le manoir Noir; Sur la tour inhospitalière Lierre, Dans les fossés du haut donjon, Jonc; Dans les cours, dans les colossales Salles, Et dans les cloîtres du couvent, Vent. La cloche, de son aile atteinte, Tinte, Et son bruit tremble en s`envolant Lent. Le son qui dans l`air se disperse Perce La tombe le mort inconnu, Nu, Épelant quelque obscur problème Blême, Tandis qu`au loin le vent mugit, Gît. Tous se répandent dans les ombres, Sombres, Rois, reines, clercs, soudards, nonnains, Nains. La voix qu`ils élèvent ensemble, Semble Le dernier soupir qu`un mourant Rend. Les ombres vont au clair de lune, L`une En mitre et l`autre en chaperon Rond. Celle-ci qui roule un rosaire Serre Dans ses bras un enfant tremblant, Blanc. Celle-là, voilée et touchante, Chante Au bord d`un gouffre le serpent Pend. D`autres, qui dans l`air se promènent, Mènent Par monts et vaux, des palefrois Froids. L`enfant mort à la pâle joue, Joue; Le gnome grimace, et l`esprit Rit. On dirait que le beffroi pleure; L`heure Semble dire en traînant son glas Las: - Enfant! retourne dans ta tombe! Tombe Sous le pavé des corridors, Dors! L`enfer souillerait ta faiblesse. Laisse Ses banquets à tes envieux, Vieux. C`est aller au sabbat trop jeune! Jeûne. Garde-toi de leurs jeux hideux, D`eux! Vois-tu dans la sainte phalange L`ange Qui vient t`ouvrir le paradis, Dis? - Ains la mort nous chasse et nous foule, Foule De héros petits et d`étroits Rois. Attilas, Césars, Cléopâtres, Pâtres, Vieillards narquois et jouvenceaux Sots, Bons évêques à charge d`âmes, Dames, Saints docteurs, lansquenets fougueux, Gueux, Nous serons un jour, barons, prêtres, Reîtres, Avec nos voeux et nos remords Morts. Pour moi, quand l`ange qui réclame L`âme Se viendra sur ma couche, un soir, Seoir; Alors, quand sous la pierre froide, Roide, Je ferai le somme de plomb, Long; Ô toi, qui dans mes fautes mêmes M`aimes, Viens vite, si tu te souviens, Viens T`étendre à ma droite, endormie, Mie; Car on a froid dans le linceul, Seul.
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