Victor Hugo - A une jeune filleVictor Hugo - A une jeune fille
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Vous qui ne savez pas combien l`enfance est belle,
Enfant ! n`enviez point notre âge de douleurs,
Où le coeur tour à tour est esclave et rebelle,
Où le rire est souvent plus triste que vos pleurs.
Votre âge insouciant est si doux qu`on l`oublie !
Il passe, comme un souffle au vaste champ des airs,
Comme une voix joyeuse en fuyant affaiblie,
Comme un alcyon sur les mers.
Oh ! ne vous hâtez point de mûrir vos pensées !
Jouissez du matin, jouissez du printemps ;
Vos heures sont des fleurs l`une à l`autre enlacées ;
Ne les effeuillez pas plus vite que le temps.
Laissez venir les ans ! Le destin vous dévoue,
Comme nous, aux regrets, à la fausse amitié,
A ces maux sans espoir que l`orgueil désavoue,
A ces plaisirs qui font pitié.
Riez pourtant ! du sort ignorez la puissance
Riez ! n`attristez pas votre front gracieux,
Votre oeil d`azur, miroir de paix et d`innocence,
Qui révèle votre âme et réfléchit les cieux !
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