Victor Hugo - Après l`hiverVictor Hugo - Après l`hiver
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Tout revit, ma bien aimée !
Le ciel gris perd sa pâleur ;
Quand la terre est embaumée,
Le coeur de l`homme est meilleur.
En haut, d`où l`amour ruiselle,
En bas, où meurt la douleur,
La même immense étincelle
Allume l`astre et la fleur.
L`hiver fuit, saison d`alarmes,
Noir avril mystérieux
Où l`âpre sève des larmes
Coule, et du coeur monte aux yeux.
O douce désuétude
De souffrir et de pleurer !
Veux-tu, dans la solitude,
Nous mettre à nous adorer ?
La branche au soleil se dore
Et penche, pour l`abriter,
Ses boutons qui vont éclore
Sur l`oiseau qui va chanter.
L`aurore où nous nous aimâmes
Semble renaître à nos yeux ;
Et mai sourit dans nos âmes
Comme il sourit dans les cieux.
On entend rire, on voit luire
Tous les êtres tour à tour,
La nuit les astres bruire,
Et les abeilles le jour.
Et partout nos regards lisent,
Et, dans l`herbe et dans les nids,
De petites voix nous disent :
"Les aimants sont les bénis !"
L`air enivre ; tu reposes
A mon cou tes bras vainqueurs.
Sur les rosiers que de roses !
Que de soupirs dans nos coeurs !
Comme l`aube, tu me charmes ;
Ta bouche et tes yeux chéris
Ont, quand tu pleures, ses larmes,
Et ses perles quand tu ris.
La nature, soeur jumelle
D`Eve et d`Adam et du jour,
Nous aime, nous berce et mêle
Son mystère à notre amour.
Il Suffit que tu paraisses
Pour que le ciel, t`adorant,
Te contemple ; et, nos caresses,
Toute l`ombre nous les rend !
Clartés et parfums nous-mêmes,
Nous baignons nos coeurs heureux
Dans les effluves suprêmes
Des éléments amoureux.
Et, sans qu`un souci t`oppresse,
Sans que ce soit mon tourment,
J`ai l`étoile pour maîtresse ;
Le soleil est ton amant ;
Et nous donnons notre fièvre
Aux fleurs où nous appuyons
Nos bouches, et notre lèvre
Sent le baiser des rayons.
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